1. Contexte de la question
Le 06 août 2012, nous avons publié un communiqué de presse sur l’Assomption de la Vierge Marie afin de porter l’information à la presse mais aussi pour permettre aux fidèles catholiques de mieux préparer cette grande fête.
Dans ce communiqué nous indiquions que « Marie, après sa mort, a été enlevée de la vie terrestre pour entrer dans la vie en Dieu » Cette phrase a entrainé la réaction suivante que nous avons enregistrée : « ‘Marie, après sa mort, a été enlevée de la vie terrestre pour entrer dans la vie en Dieu’. Je suis au regret de dire que Marie n'est pas morte et qu'elle a été élevée au ciel. Ou bien, j'ai mal assimilé mes cours de catéchisme...... »
Nous n’avons pas trouvé bien meilleure réponse que celle donnée le Bienheureux Pape Jean Paul II. Nous la partageons avec tous ceux et celles qui auraient la même « certitude ».
2. Les éléments de réponses
§ La Réponse éclairante du Magistère de l’Eglise à travers le Pape Jean Paul II
Le Bienheureux Pape Jean Paul II a clairement répondu à cette question lors d’un discours à l’occasion d’une audience générale le 25 juin 1997 à Rome. Pour le Saint Père, la réponse est affirmative : « La Mère n'est pas supérieure au Fils, qui a assumé la mort en lui conférant une nouvelle signification et en la transformant en instrument de salut. Participant à l'œuvre de la Rédemption et associée à l'offre salvatrice du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la Rédemption de l'humanité ».
§ Quelques détails de sa réponse
Le Pape Jean Paul II indique d’abord que Pie XII qui a défini le dogme de l’Assomption ne s'était pas prononcé sur la question de la mort de Marie dans la Bulle dont les termes sont repris par le Concile Vatican II, dans sa Constitution dogmatique Lumen Gentium au n°59. Toutefois Pie XII n'entendait pas nier le fait de la mort, mais seulement il ne jugea pas opportun d'affirmer solennellement, comme une vérité qui devait être admise par tous les croyants, la mort de la Mère de Dieu.
Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances de la mort de Marie. Ce silence conduit à supposer qu'elle a eu lieu normalement, sans aucun détail digne d'être mentionné, précise le Bienheureux Père.
Le pape donne ensuite quelques témoignages des Pères de l’Eglise :
ü Saint Jacques de Sarug (+ 521), selon qui, lorsque vint pour Marie « le temps de marcher sur la voie de toutes les générations », c'est-à-dire sur la voie de la mort, le « chœur des douze Apôtres » se recueillit pour ensevelir « le corps virginal de la Bienheureuse ». (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu, 87-99 in C.VONA, Lateranum 19 [1953], 188).
ü Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après avoir longuement parlé de la « bienheureuse dormition de la très glorieuse Mère de Dieu », conclut sa « louange » en exaltant l'intervention prodigieuse du Christ, qui la « ressuscita du sépulcre » pour l'élever avec lui dans la gloire. (Enc. in dormitionem Deiparae semperque Virginis Mariae, nn. 7 et 14: PG 86 bis, 3293, 3311).
ü Pour sa part, saint Jean Damascène (+ 704) se demande : « Comment se fait-il que celle qui pour enfanter franchit toutes les limites de la nature, se plie à présent à ses lois et que son corps immaculé soit soumis à la mort ?»Et il répond : « Il fallait certainement que la partie mortelle soit déposée pour se revêtir d'immortalité, car même le maître de la nature n'a pas refusé l'expérience de la mort. En effet, il meurt selon la chair et par la mort détruit la mort, il donne l'incorruptibilité à la corruptibilité et il transforme le fait de mourir en source de résurrection ». (Panégéryque sur la dormition de la Mère de Dieu, 10: SC 80, 107).
Pour le saint Père, la recherche de l'attitude spirituelle de la Vierge au moment de sa disparition de ce monde est plus importante. Cette mort a eu lieu à la suite d’un élan d’amour. Il cite saint François de Sales qui parle d'une mort « dans l'amour, à cause de l'amour, par amour », parvenant ainsi à affirmer que la Mère de Dieu mourut d'amour pour son fils Jésus (Traité de l'Amour de Dieu, Lib. 7, c. XIII-XIV).
Jean Paul II conclut : « L'expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge : ayant subi le sort commun des hommes, elle est en mesure d'exercer avec plus d'efficacité sa maternité spirituelle à l'égard de ceux qui arrivent à l'heure suprême de leur vie ».