mardi 19 avril 2011

Homélie des JMJ 2011

Chers jeunes,
J’ai choisi aujourd’hui de m’adresser à vous d’une façon assez inhabituelle. J’ai choisi de vous écrire une lettre, à l’occasion de cette XXVI Journée Mondiale de la Jeunesse. Permettez-moi de vous en faire la lecture.
Chers amis jeunes,
1. Par cette lettre, je viens vous dire, à la suite du Pape Benoît XVI, que vous êtes indispensables à notre société et à notre Eglise. Mieux, vous nous rappelez à quel point nous avons besoin de rester jeunes, de la jeunesse de l’Evangile qui donne l’espérance ; de la jeunesse de celui qui se sait aimé et qui, en raison de cet amour, avance confiant.
« Comment demeurer jeune ? », me diriez-vous ? Vous demeurerez jeunes, en ayant un coeur qui a confiance, un coeur qui est ouvert aux autres, et qui sait les accueillir. Vous demeurerez jeunes, en ayant un coeur qui partage, et qui y trouve sa joie. Vous demeurez jeunes, en accueillant l’inattendu comme un cadeau. Vous demeurez jeunes, en assumant les difficultés de la vie, même si celles-ci blessent.
Chers amis jeunes, ayez confiance en vous, parce que Dieu et l’Eglise ont confiance en vous. Gardez vos coeurs de jeunes ! Un coeur jeune est habité par un entrain, une volonté d’aller de l’avant. Un coeur jeune espère, contre toute espérance. Vous savez, il n’y a pas d’âge pour un coeur jeune ! Aidez-nous à devenir et à rester jeunes ! N’oubliez jamais que le Christ était jeune. Il a donné sa vie, alors qu’il était jeune. Restons jeunes, à l’image du Christ !
Laissez-moi vous dire, chers amis jeunes, que l’Evangile, la Parole de Dieu est votre source de rajeunissement. Elle est la source vive, où s’abreuve un coeur qui reste jeune. Plus votre coeur sera habité par l’Évangile, plus il regardera avec amour.
Je vous avais lancé un appel à Thiès, en vous demandant de vous doter tous d’une Bible, de lire souvent la Parole de Dieu et d’en vivre. « En dehors du Christ mort et ressuscité, il n’y a pas de salut ! »
2. Ne soyez pas comme les jeunes, qui sont sans espérance ! Ne soyez pas comme les jeunes, qui n’ont qu’une seule attente : celle du moment, où ils s’éclatent avec les drogues et les mélanges alcooliques. Ne soyez pas des jeunes fatigués, ratatinés et blasés.
N’ayez pas des coeurs vieux, c'est-à-dire des coeurs sans projet, des coeurs sans aucune saine ambition ! Cela est dramatique pour un jeune.
Gardez vos coeurs jeunes qui, loin de voir d’abord ce qui va mal, regardent le bien et s’en réjouissent. Bienheureux les jeunes de coeur ! Si le soleil est inépuisable de générosité dans sa lumière sur nos vies, chers jeunes, vous êtes des rayons de soleil levant, qui éclairent d’une clarté nouvelle nos histoires d’adultes.
Je sais que vous portez parfois des fardeaux trop lourds, comme le Christ, portant sa Croix. Je sais que certains d’entre vous portent de lourds fardeaux de trahison, de non respect de leur corps et du corps de l’autre. Je sais que le mal, que vous découvrez autour de vous, que les mensonges de toutes sortes que l’on vous sert, que l’irresponsabilité de certains adultes, peuvent vous pousser à la révolte, parce que vous ne supportez pas l’injustice. Je sais que vous vous posez parfois beaucoup de questions, souvent pertinentes, et que vous ne rencontrez pas souvent des adultes, qui vous aident à trouver ce que vous cherchez. Je sais aussi que vous pouvez vous laisser submerger par le poids du mal, le poids de l’ingratitude, le poids de l’inhumanité, qui sont souvent trop lourds pour vos jeunes épaules.
Voilà pourquoi, je vous prie de construire votre vie sur le Roc, qu’est Jésus-Christ. Avec lui, vous rencontrerez l’Ami véritable avec qui partager le chemin de votre vie, comme le dit le Pape Benoît XVI. Chers jeunes ne désespérez jamais.
3. Chers amis jeunes, l’Eglise regarde le bien que chacun porte en lui, malgré vos difficultés. L’Eglise accueille vos idées ; elle vous encourage, elle vous conseille ; elle veut affiner vos projets, pour que vous puissiez vous-mêmes les réaliser. L’Eglise vous aime ; elle a confiance en vous ; elle vous écoute pour cheminer avec vous vers les réponses que vous attendez. Comme l’Église est heureuse de demeurer jeune avec vous !
Ayez mutuellement confiance les uns dans les autres ; avancez ensemble dans le respect du chemin de chacun, et partagez le trésor qui vous habite, Jésus- Christ, la Parole, qui est vie pour nous. Partagez aussi la foi qui vous illumine.
Chers amis ayez confiance aussi dans les adultes. Je sais que beaucoup de personnes ont un faux regard sur vous, en vous enfermant dans des étiquettes, en méconnaissant ce que vous êtes.
Je reste convaincu que la juste attitude que les adultes doivent avoir envers vous, les jeunes, ne doit pas être l’attitude du calcul ou de la stratégie, ni celle de la méfiance, mais celle de l’amour.
Cet amour est nécessaire en raison de la fragilité, qui est inhérente à la jeunesse, car la celle-ci est une période de construction de la personnalité. Tant que la construction n’est pas achevée, le jeune est fragile. Chers jeunes, construisez votre personnalité, mais sur le Roc de la Parole de Dieu !
4. La jeunesse est un temps irremplaçable en toute vie. Il est dramatique de la gaspiller, ou bien de se la laisser voler. Il est essentiel, pour vous jeunes, de vivre pleinement votre jeunesse, en ne restant pas éternellement dans le royaume de l’enfance, et en n’entrant pas trop vite dans la sphère des adultes. Un jeune est un jeune. Cela lui suffit à lui-même. Vivez, le temps qu’il faut, votre croissance et votre jeunesse. C’est votre job.
Pour vous construire, comme nous y invite le Message du Pape Benoit XVI, vous êtes amenés à prendre des décisions, car la jeunesse est le temps privilégié des carrefours. Carrefours d’études ou d’apprentissages, carrefours affectifs, carrefours d’engagements, carrefours existentiels. Vous avez à vous orienter, vous avez à choisir !
5. Chers jeunes, ici dans la zone rurale, je sais que beaucoup parmi vous sont tentés par l’Exode rural, par la vie en ville. Certains parmi vous vont en ville, sans savoir ce qu’ils vont y faire. Alors ils sont souvent livrés à eux-mêmes, sans activité précise.
Pourquoi ne pas rester dans vos milieux de vie, pour travailler à les transformer. Pourquoi ne pas vous investir dans l’exploitation de la terre, dans les activités maraichères et autres. Comme le dit la Fable « Le Laboureur et ses enfants », je vous invite à travailler la terre, vous y trouverez un trésor.
La pauvreté, l’ignorance, et l’ennui sont souvent la mère de tous les vices : lutter contre eux ! Ayez un esprit d’entreprenariat, soyez solidaires ; Pourquoi ne pas intégrer au besoin le Mouvement des Jeunes Catholiques Ruraux. Et vous, responsables et membres du Mouvement Catholique des adultes ruraux, auxquels je lance un appel : aidez nos jeunes à sortir de la galère, et de la misère !
Quant à vous, chères jeunes filles catholiques, je voudrais vous dire que vous êtes précieuses pour le Christ et pour l’Eglise, comme pour la société. Vous avez une foi : la foi en Jésus-Christ.
Vous avez une religion : la Religion Chrétienne, qui est vie d’amour pour Dieu et pour les hommes. Ils vous trompent, ceux qui vous disent que la femme n’a pas de religion.
Ils vous trompent ceux qui exigent que vous abandonniez votre foi personnelle en Jésus-Christ, en vue d’un mariage hypothétique.
Pourquoi ne pas acceptez d’être des Martyres, en refusant tout chantage avec votre foi. Enracinez votre vision de la vie et votre vie même en Jésus-Christ, comme nous y invite Saint Paul, et comme le rappelle le Pape Benoit XVI dans son Message pour les JMJ.
Chers jeunes, ne donnez plus raison à ceux, qui présentent la jeunesse comme une source de problèmes. Ne donnez plus raison à ceux qui vous perçoivent comme une vitalité qui dérange. Ne donnez plus raison à ceux qui vous considèrent comme des proies faciles ; ne donnez plus raison à ceux, qui vous regardent comme des libertés capricieuses, qu'il est facile de séduire en les manipulant.
6. Comment finir cette lettre, sans vous dire, chers jeunes, merci ! Comment finir cette lettre sans vous confier à la Bienheureuse Vierge Marie, cette Jeune Fille d’Israël, qui a toujours dit oui au Seigneur ! Comment ne pas vous demander d’imiter Saint Jean Baptiste, Saint Patron de cette paroisse qui nous accueille. Saint Jean Baptiste, qui a préparé les coeurs à accueillir le sauveur du monde, en prêchant le changement de vie et en proclamant Jésus jusqu’à la prison et la mort. Puissiez-vous dire : « Jésus avec Jésus jusqu’à la mort. »
Chers jeunes, greffez vous sur le Christ, enracinés-vous en Christ, et soyez libres !
C’est sur ces mots que je vous redis ma confiance, mon estime, mon affection. Vous le savez, je vous aime !
Je sais que vous êtes des spécialistes des Nouvelles Technologies de l’information et de la Communication, communément appelé NTIC, alors continuez à méditer cette lettre, en ligne, à travers les sites : www.senkto.org ; et archidiocesededakar.org.
Vive Jésus !
Vive l’Eglise !
Vive la jeunesse !
Votre tout dévoué, et votre père
Théodore Adrien Cardinal SARR