(Cathédrale N.D des Victoires, le 20/10/12)
Chers
confrères dans le sacerdoce,
Chers
religieux et religieuses,
Chers frères
et sœurs en Christ,
La
traditionnelle messe de lancement de l’Année Pastorale, qui réunit ce matin
l’ensemble de notre famille diocésaine à travers ses différentes composantes,
revêt, cette année, un cachet particulier. En effet, nous y célébrons à la
fois :
-
L’élaboration et le lancement de notre 3ème
plan d’action pastorale 2012-2017.
-
L’ouverture diocésaine de l’année de la foi
voulue par notre Saint Père, le Pape Benoît XVI, et lancée par lui-même le
jeudi 11 octobre dernier.
-
Le synode sur la nouvelle Evangélisation réuni
en ce moment à Rome.
-
Enfin, le Dimanche des Missions, que nous
voulons, désormais, comme tremplin du lancement de l’année pastorale des
communautés paroissiales de notre Archidiocèse.
Tous ces
événements, frères et sœurs nous sont donnés comme occasion de ramener en nos consciences la vocation et la mission
d’une Eglise qui chemine dans le monde de son temps, en s’efforçant de
permettre que sa vie et son action produisent les fruits que Dieu en attend.
Notre famille diocésaine ne saurait se soustraire à son devoir de jouer sa partition dans ce
sens.
Après
l’élaboration, le vécu et l’évaluation des plans d’action pastorale I et II
dans la décennie 2000-2011, nous voici arrivés à l’élaboration et au lancement
du 3ème plan, gardant en toile de fond la poursuite des quatre
objectifs stratégiques de Communion, de Liturgie, de Témoignage et de Service.
Nous fixons toujours notre regard vers Celui que l’apôtre Paul vient de nous
présenter comme « le Christ (…), établi au dessus de toutes les puissances
et de tous les êtres qui nous dominent, quel que soit leur nom, aussi bien dans
le monde présent que dans le monde à venir. »
C’est sur
Lui, Jésus-Christ, qu’est centrée la vision que nous donnons à notre troisième
quinquennat de planification. Vision que nous avons formulée ainsi :
« Jésus-Christ, Unique Sauveur, aîné d’une multitude de frères, modèle et
source de vie, est rencontré personnellement et communautairement par les
membres de l’Eglise Famille de Dieu, et les fait vivre en fils du Père et frère
des hommes. »
Fixant notre
regard sur Jésus-Christ, nous nous sentons non seulement investis par Lui, mais
encore et surtout inspirés et accompagnés par Lui dans la réalisation de la
Mission qui rejaillit de cette vision : « Nous, membres de la famille
diocésaine (évêque, prêtres, consacrés et laïcs), enracinés en Jésus-Christ,
animés par l’Esprit-Saint,, nourris et unifiés dans et par l’Eucharistie, nous
bâtissons l’Eglise Famille de Dieu, lieu
et artisan de réconciliation, de justice et de paix, dans le Sénégal et l’Afrique
d’aujourd’hui, pour l’avènement d’un monde nouveau. »
S’il est
besoin de le rappeler, chers frères et sœurs, le sens d’une planification, dans
le domaine pastoral qui nous occupe, est d’organiser l’action pastorale dans la
concertation et de la conduire avec méthode et rigueur, dans l’implication de
tous les acteurs, pour une plus grande
efficacité et fécondité.
Je vous
exhorte donc, vous tous Pasteurs, à prêter sans cesse attention à notre Plan
d’action pastorale, à vous y référer le plus souvent possible, afin de
déterminer, dans la concertation avec tous vos collaborateurs, les activités,
que vous jugerez porteuses de fruits pour vos paroisses et vos communautés de base. Cela passe
évidemment par la sensibilisation, la communication soigné et l’ouverture
d’esprit et de cœur permettant d’aller vers l’autre, de le trouver et de
l’intégrer pour qu’il se sente concerné.
L’Evangile
de ce jour nous appelle à ce dynamisme missionnaire, qui nous aide à nous
départir des préjugés et de la peur , pour aller à la rencontre de
Jésus-Christ, l’Unique Sauveur, l’accueillir dans notre vie et témoigner de
lui. Cela passera indispensablement par la Prière, car l’acteur principal de
notre action pastorale n’est autre que Jésus Lui-même qui, par son Esprit, « ouvre
notre cœur à la lumière pour nous faire comprendre l’espérance que donne son
appel, la gloire sans prix de l’héritage
que nous partageons avec les fidèles, et la puissance infinie qu’il
déploie pour nous, les croyants », comme disait Saint Paul dans la
première lecture.
Je vous
exhorte, vous tous fidèles laïcs, à vous intéresser à notre 3ème
plan d’action pastorale pour le découvrir, l’assimiler et vous y référer dans
les activités de communauté sectorielles et la vie de vos familles chrétiennes.
La volonté
d’une telle participation de tous et d’un tel engagement de tous, dans la
mission de l’Eglise, devra être plus effective dans le contexte de l’Année de
la Foi, que nous vivons.
L’Année de
la Foi
Avec la
lettre apostolique du 11 octobre 2011, notre Saint Père, le Pape Benoît XVI a
proclamé une Année de la Foi, effectivement lancée par lui-même le 11 octobre
dernier, sous le signe du renouveau de l’Eglise et de la nouvelle
Evangélisation. Comme toutes les Eglises
du monde entier, nous aussi, accueillir et intégrer du Saint Père dans le
quotidien de notre vie et de notre témoignage.
Il est,
heureux, à cet effet, que les textes liturgiques de ce jour, nous orientent et
nous éveillent, conformément au désir du Saint Père, « à l’exigence de
redécouvrir le chemin de la foi pour mettre en lumière de façon toujours plus
évidente la joie et enthousiasme renouvelé de la rencontre avec le
Christ. » (PF 2) Il s’agit, après tout, de l’exigence d’une
vocation : celle du chrétien, de tout chrétien, de chaque chrétien, et de
la famille ecclésiale que nous formons.
Il s’agit en
particulier de la vocation de nous, Pasteurs, d’où l’appel du Pape dans son
homélie, au cours de la messe de lancement de l’Année de la Foi :
« l’Eglise dans son ensemble, et les pasteurs en son sein, doivent, comme
le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le
lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne
la vie, la vie en plénitude . » Mais comment se mettre en route, si
l’objectif n’est pas déterminé ? Comment conduire les autres, si la
destination nous est inconnue ? Comment nouer et consolider une amitié
avec quelqu’un, sans contact avec lui ?
Des
questions, auxquelles l’apôtre Paul des réponses, dans son adresse aux
Ephésiens. Des questions qui, parallèlement, nous interpellent et nous engagent
tous, en cette année de grâces. Notre foi nous met en route vers quelqu’un,
Jésus-Christ : « J’ai entendu parler de la foi que vous avez dans le
Seigneur Jésus », dit Saint Paul. Croire en Jésus-Christ, c’est, dans un
certain sens, accueillir le vie qu’Il est, et vouloir la transmettre autour de
soi comme le Bien par excellence : « Heureux ceux qui
croient ! » (Jn 20,29), s’exclame Jésus.
Cette foi en
Jésus-Christ nous ouvre au monde présent et à venir pour instaurer et
entretenir, avec tous les fidèles et les hommes de bonne volonté, une communion
d’amour au nom de l’amour qu’est Jésus lui-même. C’est dans cette communion
d’amour que la foi s’exprime avec assurance, grâce à la lumière de l’Esprit
Saint, au point que nous puissions professer : Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant (…) Je crois en son Fils Jésus-Christ, notre Seigneur et notre
Dieu (…) Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne vie (…) Je
croie en Eglise, une Sainte, Catholique et Apostolique ! Je suis
chrétien !
Or, quel
moment plus approprié pour vivre cette communion d’amour sinon l’Eucharistie, sacrement de
l’amour même de Dieu pour l’homme ? L’Eucharistie nous permet de
rencontrer réellement le Christ, de le recevoir pour qu’Il nous habite et nous
fasse vivre. C’est dans et par l’Eucharistie que le chrétien construit et
nourrit son appartenance au Christ. C’est dans et par l’Eucharistie qu’il
instaure avec Lui cette communion d’amour, qui lui permet de porter et de vivre
cet amour avec ses frères : « A ceci nous avons reconnu l’amour,
c’est que Lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous devons donc, à notre tour
donner notre vie pour nos frères. » (1Jn 4, 10) L’Eucharistie manifeste et
actualise ce sacrifice du Christ, don d’amour pour l’humanité.
Chers frères
et sœurs, faisons de l’Eucharistie le centre de notre croissance personnelle et
collective, dans la foi au Christ Vivant et Vrai.
LE SYNODE
SUR LA NOUVELLE EVANGELISATION
Un autre
événement important que vit notre Eglise Catholique, et qui sollicite notre
communion, est la tenue, à Rome, de la XIIIème Assemblée Générale du synode des
Evêques autour du thème : ‘La Nouvelle Evangélisation pour la transmission
de la foi chrétienne. » Tout d’abor, deux indications données par le Saint
Père, à l’entame des travaux, me semblent importantes à fixer :
-
La première rejaillit de l’esprit même du
Concile Vatican II, et nous incite à comprendre que l’appel universel à la
sainteté s’adresse à tous, et que tous chrétien est, par définition, un
protagoniste dans le travail le travail de l’Evangélisation : « Une
des idées fondamentales de la nouvelle impulsion que le Concile Vatican II a
donné à l’évangélisation, dit le Pape en référence à LG 39-42, est celle de
l’appel universel à la sainteté, qui, comme tel, concerne tous les
chrétiens. »
-
La seconde, toujours en étroit lien avec Vatican
II, rappelle la vérité selon laquelle
Dieu se fait présent pour et dans le monde ; c’est lui qui fait et
accompagne l’histoire des hommes : « dans la foi, indique le Saint
Père, résonne l’éternel présent de Dieu, qui transcende le temps qui, pourtant,
ne peut être accueillir par nous que dans notre aujourd’hui qui est
unique. »
Mais quelle
est la nature de la nouvelle évangélisation ? Trois points fondamentaux
sur la question, sont ressortis des réflexions des Pères synodaux :
1.
La nouvelle évangélisation est d’abord l’œuvre
de la Saint trinité, d’où la primauté de Dieu dans l’évangélisation :
« la fondation de la nouvelle évangélisation pour la transmission de la
foi, note le Saint Père, est avant le travail de la Saint Trinité dans l’histoire.
Dieu le Père a envoyé son Fils qui a apporté, avec lui, l’Esprit. »
2.
Elle ensuite un mandat du Christ à son
Eglise : « l’Eglise, souligne Vatican II, a reçu ce mandat solennel
de la part du Christ de proclamer la vérité salvifique des apôtres et qu’ils
soient ses témoins jusqu’ç l’extrémité de la terre » (LG 24). C’est donc
la mission de chaque disciple du Christ de diffuser la foi car la mission
principale de l’Eglise, c’est l’évangélisation.
3.
Elle est enfin l’opération de l’Esprit Saint,
comme nous le démontre, du reste, l’évangile de ce jour. C’est l’Esprit qui
inspire le disciple à savoir se défendre devant ses détracteurs ou ceux qui
demandent compte de son expérience (cf. 1P 3, 15) ; c’est le même Esprit
qui l’éclaire pour dire clairement ce qu’il annonce.
Forts de
tout cela, souhaitons vivement que l’élan de la nouvelle évangélisation vienne stimuler
celui de nos églises, en apprentissage de la vie évangélique.
LE DIMANCHE
DES MISSIONS
Le dernier
élément qu’intègre cette cérémonie, est la 86ème Journée Mondiale
des Missions que nous célèbrerons demain, autour du thème : « Appelés
à faire resplendir la Parole de vérité. » (PF 6) Le sens très symbolique
de cette célébration, qui « porte au centre de l’ecclésiologie de la
nature missionnaire de l’Eglise » (Message du Saint Père pour le dimanche
des missions), donne notre famille diocésaine et toutes les communautés et
structures qui la composent, l’occasion de prendre un nouvel envol dans le
témoignage du Christ et le service de l’homme.
Aujourd’hui,
frères et sœurs, ce témoignage se fait urgent, au moment où assistons à ce qui
pourrait être vu comme une crise de la foi, une banalisation des mœurs et une
perte du sens du sacré et de l’homme. Mais comment témoigner de Jésus si nous
n’apprenons pas nous-mêmes à la connaître davantage ? Comment témoigner de
notre foi en Lui si nous ne cultivons pas nous-mêmes cette intimité profonde
avec Lui dans le respect du sacré, l’amour et le soin des sacrements, qui
manifestent sa présence et son action dans la vie et des fidèles et dans le
monde, surtout l’Eucharistie, qui nourrit et consolide notre intimité avec le
Christ, qui tisse et renforce les liens de notre fraternité en Lui ?
Pour être
partagée et annoncée, la foi a besoin de prendre racine dans le cœur de qui
l’annonce. Le missionnaire est porteur d’une Parole, celle du Christ, c’est en
Lui, Jésus, qu’il est appelé à puiser ses forces, son inspiration, ses
arguments, son modèle, pour faire resplendir la Parole même du Christ qui
l’envoie, grâce à la lumière de l’Esprit Saint.
Or, pour
aller en mission, pour être missionnaire, il ne suffit pas seulement de braver
des limites géographiques plus ou moins
lointaines. Le sens missionnaire germe et s’épanouit dans le cœur du Chrétien,
grâce à la vertu de la charité, qui le transforme à un élan d’amour pour Dieu
et pour le prochain, en un élan de solidarité et de compassion pour l’autre,
surtout le plus faible, pour lui porter Jésus, Chemin, Vérité et Vie. « Le
désir d’annoncer le Christ, écrit le Pape Benoît XVI dans son exhortation
apostolique post-synodale Verbum Domini, n°97, nous pousse à lire l’histoire
pour y découvrir les problèmes , les aspirations et les espérances de
l’humanité que le Christ doit guérir, purifier et remplir de sa présence. Son
message est en effet toujours actuel, il descend au cœur même de l’histoire et
est capable d’apporter une réponse aux inquiétudes les plus profondes de tout
homme. C’est pourquoi l’Eglise, dans tous ses composants, doit être consciente
du fait que les horizons immense de la mission ecclésiale, la complexité de la
situation présente, demandent
aujourd’hui des modalités nouvelles pour
communiquer de façon efficace la Parole de Dieu. »
« Les
hommes qui attendent le Christ, affirmait le Bienheureux Jean Paul II dans son
Encyclique Redemptoris missio, sont encore en nombre incalculable (…) Nous ne
pouvons pas, ajoutait-il, avoir l’esprit tranquille en pensant aux millions de
nos frères et sœurs, rachetés eux aussi par le Sang du Christ, qui vivent dans
l’ignorance de l’amour de Dieu. » (n°86).
Cette
exhortation du Pape, même si elle cherche à stimuler notre générosité et notre
disponibilité pour aller à la rencontre de ces frères et sœurs, et satisfaire
leur soif de Dieu, doit, avant tout, nous interroger sur la qualité de notre
annonce, sur la qualité de notre
personnalité missionnaire.
Certes
« la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux » (Mt 9,
38) ! Mais, si dans le visage de chacun des ces ouvriers, traduisait le
visage de même de Jésus ; si dans la personnalité de chacun de ces
ouvriers, s’épanouissait la compassion, le dynamisme et l’amour même de Jésus ;
si enfin, l’esprit de chacun de ces ouvriers, reflétait la sagesse de l’Esprit
de Jésus, alors, même peu nombreux, nous toucherons les cœurs pour y laisser la
marque indélébile de la vraie foi.
Chers
Pasteurs, prêtres, religieux et religieuses ; chers fidèles laïcs, soyons
ces missionnaires ardents, désintéressés et enracinés dans le Modèle de Jésus,
et, ensemble avec tous nos frères et
sœurs, nous pouvons chanter « les merveilles de celui qui nous a appelés
des ténèbres à son admirable lumière. »
Que
l’intercession et le soutien maternels de la Bienheureuse Vierge Marie, N. D du Rosaire, nous accompagnent et nous orientent à témoigner sans relâche de
notre foi en son Fils Jésus-Christ, toujours, partout et pour des siècles des
siècles. Amen !
+Théodore Adrien Cardinal SARR
Archevêque de Dakar