jeudi 11 mai 2017

MEDITATION EN CEB SUR LE TEXTE D’ISAIE 58, 5-12





D’abord Dieu dit à son prophète Isaïe : « Annonce à mon peuple son crime, à la famille de Jacob ses péchés ». Et on dirait que Dieu se reprend puisque tout de suite. Après leur avoir fait des reproches, il voit au contraire le bien qu’ils font : » C’est moi qu’ils recherchent jour après jour, ils veulent connaître mes chemins, comme une nation qui a pratiqué la justice, et qui n’a pas négligé le droit institué par son Dieu. Ils se renseignent auprès de moi des lois  justes, ils désirent être proches de Dieu ». Il y a comme une opposition entre ces versets 1 et 2. Comment expliquer cela ? En fait c’est vrai que le peuple a beaucoup de péchés et même de crimes, comme Dieu le dit. Mais Dieu ne veut pas s’attarder aux péchés, aux mauvaises choses, ou au mal que les gens font. Il voit le désir de leur cœur, comme Jésus le fera avec  la prostituée, quand Il dira à Simon le pharisien : « Tu vois cette femme, il lui sera beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé » (Luc 7,47). Comme Dieu le Père lui-même, le père de l’enfant prodigue (Luc 18), Jésus ne voit pas le mal que nous faisons, Il voit le désir de notre cœur de faire le bien. Et Il nous aide à y arriver. Cela est très important dans notre vie. Trop souvent nous voyons les défauts des gens. Nous voyons les mauvaises choses qu’ils font, au lieu de voir leurs qualités, et les bonnes choses. Si l’on ne fait pas cela, d’abord on est malheureux parce qu’on voit le mal partout. Ensuite on ne peut pas s’entendre avec les autres. En tout cas c’est très difficile. Entre mari et femme, si on ne s’admire pas, on ne peut pas vivre un amour qui dure. C’est très difficile d’éduquer nos enfants. Mais Jésus nous dit : « le plus grand dans le Royaume, c’est l’enfant...Et si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mat 18,10+19,13). Il faut apprendre à admirer les enfants, et à voir les bonnes choses qu’ils font. C’est vrai aussi, avec tous ceux qui nous entourent. Notre travail de chrétien, ce n’est pas de culpabiliser les gens, de venir avec des tas de commandements, ni de leur dire : » il ne faut pas faire cela c’est interdit, ce n’est pas bon, c’est mal, c’est un péché ». Il s’agit au contraire de faire naître en eux un grand désir, le désir d’aimer et de réussir sa vie, de choisir un idéal et d’agir ensemble. Cela nous demande à regarder les autres, avec les yeux de Jésus Christ lui-même, et de faire attention à ce que nous disons, et à ce que nous faisons. Lorsque nous nous trouvons en présence du mal, au lieu de critiquer les gens et de les décourager, il vaut mieux de voir ensemble d’où vient ce mal, quelles sont ses causes, et comment nous allons agir pour que les choses changent. C’est ainsi que nous pourrons nous libérer du péché.             

Tout cela nous amène à nous demander quelle idée nous avons de Jésus Christ. Souvent, nous voyons Jésus Christ comme un enseignant, qui nous a montré le chemin de Dieu par l’Evangile. C’est vrai que personne n’a parlé, ni enseigné comme cet homme. Nous sommes sensibles aussi à Jésus qui guérit les malades et les infirmes, qui donne à manger au peuple qui a faim. Et c’est vrai que  personne n’a jamais aimé comme cet homme-là. Et qu’Il peut nous dire : "aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés". Mais nous voyons peut-être moins souvent Jésus comme l’homme juste et le Libérateur. Et pourtant toute sa vie, Il a défendu les pauvres et les petits, Il a accueilli les enfants alors que les apôtres les chassaient, Il a rendu leur dignité et donné leur place aux femmes, alors qu’elles ne l’avaient pas dans la société juive: il a défendu la femme adultère que l’on allait tuer à coups de cailloux, alors qu’on avait laissé partir sans problème, l’homme avec qui elle avait péché (Jean 8). Il rend la dignité à la prostituée, alors que Simon l’humiliait et voulait la chasser (Luc 7,36). Jésus lui, voit non seulement son désir de changer, mais son besoin d’amour. Il a aimé tous les gens, même les pécheurs, comme les publicains ou Zachée (Luc 19). Il a aimé les étrangers sans problème. Il les a même pris en exemple comme cet officier romain, un païen, un étranger, en plus un officier de l’armée coloniale romaine qui avait certainement tué beaucoup de juifs. Et pourtant Il le propose en exemple. Et aussi le femme syrienne (Marc7,26). Jésus a relevé les pauvres et les petits. Il dit  à la veuve de Naïn : "ne pleure pas", et Il lui rend son fils (Luc 7,11). 

C’est cela la première chose que nous avons à faire tout au long de notre vie chrétienne : lutter pour la justice, dans les petites choses de chaque jour, faciliter la vie des gens, ne pas critiquer, aller vers l’autre, voir le positif, chercher à se mettre à la place des gens, leur permettre à nouveau de vivre en paix avec les autres. Comme Jésus quand Il guérit le lépreux. Ce n’est pas seulement parce qu’Il est bon et qu’Il a pitié d’eux, qu’Il les guérit. Mais Il leur redonne leur dignité, pour qu’ils puissent retourner vivre en famille, et avoir leur place dans la société -Mat 8,2). C’est pour cela qu’Il leur demande d’aller d’abord se présenter aux  prêtres.
Au niveau de la religion,  cela veut dire aussi ne pas mettre des fardeaux inutiles sur le dos des gens. Nous venons trop souvent avec nos commandements, nos interdits, et nos habitudes, en disant: " il ne faut pas faire ça, ce n’est pas bon, c’est mauvais, c’est interdit, c’est un péché". Nous venons avec nos commandements, mais les 10 commandements, les gens les connaissent déjà. Même nos ancêtres les connaissaient. Nous n’avons qu’un seul commandement, c’est d’aimer, d’aimer comme Jésus, d’aimer avec Jésus, et d’aimer grâce à Jésus. « Jésus notre chemin, notre vérité et notre vie " (Jean 14,6). Au lieu de libérer les gens, trop souvent nous les écrasons.
               
-Après la justice, la charité :
"Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi le pauvre qui n’a pas de maison. Si tu vois un homme nu, tu lui donnes des habits. Ne refuse pas celui qui est ta propre chair". Tout homme et toute femme, quel qu’il soit, c’est ma propre chair. Même s’il est méchant, même si c’est un étranger que je ne connais pas, le rejeter c’est me rejeter moi-même. C’est me tuer moralement et psychologiquement. Et en même temps, c’est rejeter Jésus qui nous dit : "tout ce que tu fais au plus petit de mes frères, c’est à Moi que tu le faits". Nous avons noté combien cela est difficile. Ce n’est pas facile de savoir comment aider vraiment les gens, de la meilleure façon possible. Nous savons qu’il y a des gens qui nous trompent, et qui veulent profiter de nous. Jésus ne nous demande pas d’aider les paresseux, mais au contraire de leur donner du courage. Mais aussi de les former et de leur donner les moyens d’agir. C'est cela le travail de la Caritas, et non pas seulement distribuer de la nourriture ou des habits. C’est cela aussi notre responsabilité. Ne pas seulement donner à la Caritas, des habits dont nous n’avons plus besoin parce que nous les avons trop portés. Ne pas seulement faire l’aumône. D’ailleurs faut-il faire l’aumône à chaque fois, lorsqu’on sait, par exemple, que ce que l’on donne aux talibés ils ne pourront pas en profiter, car ils sont exploités. Et que l’argent et même la nourriture, le sucre par exemple, qu’ils ramènent sera récupéré par les marabouts de leurs écoles coraniques. On peut se réjouir à ce niveau, de ce qu’on commence à se poser vraiment la question de ces écoles coraniques, et que l’on cherche à trouver des solutions.
Quand quelqu’un vient me voir et me demande quelque chose, comment savoir s’il me dit la vérité? Comment l’aider de la meilleure façon possible? Nous sommes en réunion de CEB (communauté chrétienne de quartier). La CEB est importante pour aider la  Caritas. Car c’est nous qui vivons dans les quartiers, qui pouvons connaître les gens du quartier, qui en ont vraiment besoin.
Nous avons noté que les gens les plus pauvres, les plus fatigués, la Caritas ne les rejoint pas. Ces gens-là ne viendront jamais nous demander de l’aide, parce qu’ils ont été trop souvent humiliés et rejetés. S’ils sont malades, ils n’ont même pas le courage d’aller se faire soigner au dispensaire. Ils n’enverront jamais leurs enfants à l’école parce qu’ils ont trop honte. Et ils ne pourront pas leur payer la tenue ni les fournitures. D'ailleurs ces enfants doivent se débrouiller eux-mêmes en travaillant ou en mendiant, pour gagner un peu d’argent et un peu de nourriture, que leurs parents ne peuvent pas leur donner.
               
Si nous sommes chrétiens, nous sommes aussi des citoyens. Notre charité ne doit pas se limiter à l’Eglise, ni à l’aumône. Nous devons nous engager, pour tout ce qui se fait au niveau de la société actuellement : pour aider les pauvres, pour former les gens, pour leur donner du travail. En commençant par l’Acte 3 de la Décentralisation et tout ce qu'il permet: le plan Sésame pour les personnes âgées, les cartes d’égalité des chances pour les handicapés, les soins gratuits pour les enfants de 0 à 5 ans, les césariennes gratuites pour les femmes qui ont de la peine à accoucher, les bourses pour les familles nécessiteuses et surtout la Couverture Médicale Universelle.
Ce sont d’excellentes décisions, mais souvent elles ne sont pas mises en pratique. Et même, elles sont détournées au profit de quelques-uns. C’est pour cela qu’il est absolument essentiel de nous engager au niveau de nos mairies. Et d'abord de nos quartiers avec les chefs de quartier et aussi les marraines de quartier, les imams, les associations, les ONG, et toutes les organitions qui sont présentes dans les quartiers. Pour faire avancer les choses, et pour que les bonnes décisions qui ont été prises, grâce à Dieu et à la Lumière du Saint Esprit, soient mises en pratique. Car c’est là que le Royaume de Dieu se construit, comme nous le demandons chaque jour"Notre Père... que ton Règne vienne". Nous ne pouvons pas être de bons chrétiens si nous ne sommes pas de bons citoyens, et si nous ne participons pas à la vie de la cité. Et la première chose bien sûr, c’est d’avoir une nouvelle carte d’identité et d’être inscrit sur les listes électorales, pour pouvoir voter.

Il nous arrivera certainement, en voulant être charitable et aider les gens, d’être trompé. Il faut accepter de se tromper, et même que les gens  nous mentent, sans nous décourager pour autant. Il ne faudrait pas, parce que nous avons été trompés deux ou trois fois, d’arrêter d’aider ceux qui nous entourent, en disant que ce sont tous des menteurs. Mais soyons intelligents. Jésus nous dit : « Soyez simple comme la colombe, mais malin comme le serpent ».Il est nécessaire aussi de savoir donner d’une façon désintéressée : laisser les gens libres de faire ce qu’ils pensent être le mieux, avec l’aide que nous leur apportons, et non pas ce que nous voulons, nous.

-Si nous faisons cela, nous serons heureux. C’est cela la façon de réussir notre vie :" ta lumière brillera comme l’aurore, ta blessure guérira rapidement, ta justice marchera devant toi, la gloire de Yahvé t’entourera. Et quand tu prieras, Dieu te répondra, Il te dira : me voici".  Mais pour cela, il faut vraiment prendre au sérieux ce qu’Il nous dit. C’est pour cela que le prophète, au nom de Dieu, reprend une deuxième fois tous ces conseils au verset 9 et 10 : luttez contre les injustices, aidez les pauvres, les petits, et ceux qui souffrent. Alors, la lumière se lèvera dans les ténèbres. Pas seulement dans notre vie mais dans tout  le pays. A ce moment-là, Dieu bénira notre pays: "Il fera fleurir le désert, Il donnera de la force  à nos os, notre pays deviendra comme un jardin arrosé, comme une source qui jaillit, dont les eaux ne s’arrêtent pas". Mais encore une fois, pour cela il s’agit de nous engager tous ensemble, les chrétiens avec les autres, et non pas de rester enfermés dans notre Eglise. Il s'agit de reconstruire les ruines de notre pays, de poser des fondations solides, de relever les fondations de nos ancêtres, de garder les valeurs sénégalaises traditionnelles, en voyant comment les vivre dans le monde d’aujourd’hui. Alors, nous serons "ceux qui réparent les brèches, ceux qui refont les chemins pour que la paix arrive jusqu’à nous". Comment faire? Il faudra nous retrouver une autre fois, pour y réfléchir ensemble. Que le Seigneur nous aide à vivre cela en vérité.

(n° 5) « Courbez la tête comme un jonc 
Dieu dit à son peuple par le prophète Isaïe (58, 3-4) :
« Pourquoi je n’accepte pas votre jeûne ?
C’est parce que quand vous jeûnez, vous continuer à faire vos affaires.
Vous ne pensez pas à moi, mais vous pensez à l’argent.
Vous  profitez de vos travailleurs, et vous les faites souffrir.
Vous jeûnez mais vous continuez à vous disputer, à vous battre
et à frapper les autres méchamment.
Si vous continuez comme cela, je n’écouterai pas vos prières ».

Isaïe (n° 6) : « Le jeûne que je préfère, c’est de défaire les chaines injustes,
de relever ceux qui sont écrasés,
de renvoyer libres ceux qui sont exploités et abaissés,
(les petits qui sont humiliés, et dont vous profitez).
C’est de casser tout ce qui écrase et fait souffrir l’homme…
Le jeûne que j’aime, c’est de partager ton pain avec celui qui a faim.
Recevoir chez toi le pauvre qui n’a pas de maison.
Si tu vois quelqu’un qui est nu,  tu lui donnes des habits
et tu ne  refuses  pas d’aider celui qui est ta propre chair » 

Isaïe (n° 8-9) : « Si tu fais cela, ta lumière brillera comme la lumière du jour,
tes blessures guériront rapidement,
ta justice marchera devant toi,
la gloire de Dieu te suivra.
Quand tu crieras, Dieu te répondra.
Quand tu l’appelleras, Dieu  te dira me voici...

(n° 10) : » Si tu te prives de nourriture, pour partager avec celui qui a faim,
si tu donnes à manger à celui qui est profité et utilisé,
alors ta lumière brillera dans la nuit
et ta lumière sera pour toi comme le milieu du jour. »

(n° 11) : » Dieu te conduira sans cesse,
il te donnera à manger en plein désert,
il donnera la force à tes os.
Tu seras comme un jardin arrosé,
comme une source qui coule dans le désert
et dont les eaux ne s’arrête jamais ».

Isaie nous dit, au nom de Dieu (n°12) : «  Si tu luttes pour la justice, on reconstruira chez toi les ruines, tu relèveras les fondations des générations passées. On t’appellera :  celui qui répare les fentes,  et qui bouche les trous des murs. Celui qui refait les chemins, pour que tout le monde puisse marcher dans la paix, et habiter dans un pays de paix ».

mercredi 3 mai 2017

Des religieux à l’assaut des déchets plastiques dans les rues de la ville de Fatick




Les religieux en mission à Fatick, avec à leur tête le curé de la paroisse Sainte Jeanne d’Arc, Abbé Simon Niakh, ont quitté leur presbytère et leur communauté religieuse, le samedi 29 avril 2017, pour prêcher par l’exemple dans les artères de la ville. Ils étaient au nombre des dizaines de personnes mobilisées pour la caravane de sensibilisation sur la protection de l’environnement, initiée par le Comité d’organisation de la kermesse paroissiale 2017. Une initiative largement saluée par les autorités publiques.

Les prêtres de la paroisse Sainte Jeanne d’Arc de Fatick et les Frères de Saint Jean de Dieu de Dalal Xel ont activement pris part à la caravane de sensibilisation sur l’environnement, organisée, hier, en prélude à la kermesse paroissiale, sur le thème : « Citoyens responsables, pour une action solidaire en faveur de l’environnement ».  Ils étaient au nombre des dizaines de personnes mobilisées, toutes confessions confondues, et qui ont investi plusieurs artères de la ville de Fatick, à l’assaut des déchets plastiques.

Cette caravane, placée sous le signe du dialogue des religions, a débuté par une prière musulmane et chrétienne, dites respectivement par M. Thior, délégué du quartier Escale et l’Abbé Jean Félix Diandy, vicaire.

Equipés de masques et de gants, ces religieux ont parcouru plusieurs rues de leur ville, suivant l’itinéraire défini par les organisateurs, pour ramasser tous les sachets et autres déchets plastiques trouvés sur leur passage.

« Notre participation à cette importante activité est une occasion de mettre en exergue et en application concrète l’appel du Pape François « à prendre soin de notre maison commune » », ont-ils expliqué. « C’est aussi notre réponse à l’appel de notre pasteur diocésain Mgr Benjamin Ndiaye, pour un changement de comportement dans notre rapport avec notre cadre de vie et à celui du Président de la République, M. Macky Sall, à l’occasion la 57ème fête de l’indépendance du Sénégal, en faveur d’un « élan civique et patriotique » pour la sauvegarde de notre environnement », ont-ils également ajouté.

A l’instar des autorités publiques et acteurs politiques, notamment le Gouverneur de la région, le représentant du Conseil départemental, le responsable du service régional de l’environnement, des leaders politiques locaux, le délégué du quartier escale, ces religieux ont aussi appelé les populations fatickoises à bannir l’usage des sachets plastiques en vue de sauvegarder leur cadre de vie.

Signalons, par ailleurs, que ces autorités publiques n’ont pas manqué de saluer l’initiative de cette caravane sur l’environnement et d’encourager les organisateurs. Ils ont aussi exprimé leurs souhaits de voir d’autres acteurs sociaux s’en inspirer pour aider les populations à davantage prendre conscience de leurs responsabilités dans la sauvegarde de l’environnement et de favoriser ainsi un changement de comportement salutaire pour les générations futures.

« Cette initiative est à saluer et à perpétuer », a déclaré Abbé Simon Niakh, « très ravi », à la fin de la caravane.