Homélie :
Eminence, Excellences,
Monsieur le Premier Ministre
Chers fidèles pèlerins,
Chers amis croyants venus honorer Marie,
Chers auditeurs et téléspectateurs qui êtes en communion avec nous
par le génie des médias ici présents,
« A vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du
Seigneur Jésus Christ. » (1Co1, 3).
C’est avec une joie renouvelée que nous nous retrouvons ce matin au
pied de notre Dame de Popenguine, en Eglise-Famille de Dieu au Sénégal. Nous
saluons tous les pèlerins des autres pays, et particulièrement ceux et celles
de la Gambie, de la Mauritanie, du Mali, de la Guinée Bissau, de la République
de Guinée et de la Côte-d’Ivoire.
Dans la communion des cœurs et des esprits qui caractérise les
pèlerins, nous sommes venus à l’école de Marie pour, avec elle et comme elle,
nous mettre au service de l’Eglise-Famille.
En effet, le thème de cette cent vingt-septième édition du
pèlerinage national de Popenguine s’intitule : « Avec Marie, tous
au service de l’Eglise-Famille de Dieu ».
Autant dans l’économie de la création que dans celle de la
rédemption, Dieu entend faire de l’humanité une seule famille à son image, à
l’image de l’unité trinitaire. Tous les hommes ont une origine commune et tous
ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn1, 27), ils sont tous
membres d’une seule famille ; ils sont tous destinés à la vie et à
l’immortalité (cf. Gn 2,17), à une existence impérissable (Sag 2,23).
Et c’est pourquoi je salue la présence parmi nous ce matin de nos
frères musulmans fortement représentés (pour qui je demande d’applaudir très
fort). C’est le signe que nous avons conscience que nous sommes tous, au-delà
de nos appartenances religieuses, des fils et des filles du Dieu unique que
nous voulons aimer, imiter et servir. Cette fraternité des croyants est le
socle et le ciment des relations empreintes de cordialité, de respect mutuel et
de convivialité qui caractérisent la nation sénégalaise.
Dans un contexte mondial marqué par des tensions religieuses et la
montée en puissance et en horreur des extrémismes de tout bord, nous donnons
ainsi au monde entier la preuve que la coexistence pacifique et le dialogue
entre les religions, mieux la fraternité, sont possibles et salutaires :
un héritage à préserver et à transmettre aux jeunes générations. Vous les
jeunes, veillez sur cet héritage, et n’écoutez pas les sirènes du fanatisme qui
appellent à l’exclusion voire à la haine de l’autre sur la base de ses
convictions religieuses.
Chers frères et sœurs en Christ, L’Eglise-Famille de Dieu se
définit comme « le lieu où le Christ rassemble les enfants de Dieu
dispersés dans le monde (Cf. Jn11, 22) ; un lieu où ceux qui invoquent le
nom de Jésus Christ (1Co1, 2) s’accueillent mutuellement comme un don de Dieu
(Cf. Jn17, 6.11.24) pour vivre de l’Amour dont le Père et le Fils s’aiment
mutuellement ; un milieu de vie caractérisé par l’attention à l’autre, la
solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance.»[1].
Dans l’évangile de ce jour, Jésus dégage une disposition
fondamentale qui caractérise tous ceux et celles qui se réclament de sa
parenté, de sa famille : « ceux qui font la volonté de mon Père
qui est aux cieux » (Mt 12, 50). Faire la volonté du Père. Et
cette volonté se résume dans l’amour qui est essentiellement service de Dieu,
et partant, service rendu à tous ses enfants, à toute l’humanité. LE SERVICE,
voilà ce à quoi nous appelle le thème de ce pèlerinage, illustré parfaitement
par la parole de Dieu.
Les chrétiens que nous sommes, voulons nous mettre au service de
Dieu et de cette fraternité humaine, à l’école de Marie, à l’image de Marie et
avec Marie En quoi donc ? D’abord en ceci qu’elle s’est définie elle-même
comme « l’humble servante du Seigneur ». De l’annonciation au pied de
la croix de son fils Jésus, Marie s’est mise toute entière au service de Dieu
et de l’humanité. Quand l’ange Gabriel lui annonce qu’elle sera la mère de
Jésus, le Fils du Père, sa seule réponse fut : « je suis la
servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. »(Cf.
Lc1, 38). A partir du mystère de l’annonciation, Marie a consacré son corps,
son esprit, son cœur et toute sa vie à Dieu. Elle est ainsi le modèle de tous
les consacrés religieux et religieuses, en cette année que l’Eglise leur
consacre.
Chers consacrés, c’est ici l’occasion pour nous de vous rendre un
vibrant hommage, avec notre profonde gratitude pour ce que vous êtes et pour la
place que vous tenez généreusement et admirablement dans notre église. Vous
nous donnez la preuve, par votre vie, que le service va de pair avec le don de
soi. Merci !
A Nazareth dans la sainte famille, aux noces de Cana, au pied de
la Croix du Christ au calvaire, au Cénacle parmi les disciples, et maintenant
dans la gloire du ciel, tout le soin de Marie est de rester intensément
présente au service du dessein de Dieu et des hommes. Les textes sacrés l’ont
fait remarquer à plusieurs reprises : « La Mère de Jésus était là » (stabat
mater). Sa place est au milieu, son rôle est "d'être là", au cœur
de la communauté en fête, en peine ou en prière. Frères et sœurs, mettons Marie
alors au cœur notre vie personnelle, de la vie de nos familles, de nos communautés,
par une dévotion profonde et confiante. Nous ne l’oublions pas : Marie est
là, avec nous.
Nul plus que Marie n’a collaboré au dessein de Dieu; nul mieux
qu'elle ne devinait la pensée de Jésus; et parce que son regard ne s'arrêtait
pas sur elle-même, elle anticipait, comme à Cana, sur les désirs et les besoins
de ceux qui l'entouraient. L’attention à l’autre est un préalable pour se
mettre à son service, car on sort de soi, on se libère du moi, pour aller à la
rencontre de l’autre.
Par sa foi à toute épreuve, par son espérance inébranlable, par sa
piété et sa sainteté, par son amour de Dieu et de l’Homme et surtout par
son humilité, Marie constitue une figure missionnaire inégalée et en permanence
proposée à nous tous qui nous mettons au service de l’Eglise-Famille de Dieu,
et en particulier à ceux et à celles qui consacrent leur vie à Dieu.
Elle nous a ouvert une voie spirituelle indépassable pour qui veut
servir Dieu, son Fils Jésus et l’humanité en quête de vie et de sens. C’est ce
visage de Marie modèle de disponibilité, d’hospitalité, de sollicitude et
d’espérance que nous sommes tous, ce matin, conviés à imiter, dans la riche
diversité de nos vocations, de nos charismes et de nos ministères, de nos dons,
de nos talents, de nos compétences.
Tous, laïcs, consacrés et prêtres, nous sommes
l’Eglise-Famille de Dieu. Nous formons une belle mosaïque, dont chaque pièce
traduit la resplendissante beauté de l’ensemble. Un appel à être solidaires et
à mutualiser nos richesses, car St Paul l’affirme dans la 2ème lecture,
« c’est l’unique et même Esprit qui opère en tous, distribuant ses dons
à chacun en particulier comme il l’entend ».
Lors de notre visite ad limina en novembre dernier, le Pape
François n’a pas manqué de nous rappeler que l'Eglise- Famille de Dieu au
Sénégal « doit sans cesse témoigner de l’amour de Dieu à tous les
hommes en ne faisant pas de distinction religieuse dans son action sociale ».
Faisons nôtres aussi les paroles suivantes qu’il a adressés aux consacrés, mais
qui concernent tous les membres de l’Eglise : « Allez dans le monde a
été la dernière parole que Jésus a adressée aux siens, et qu’il continue
d’adresser aujourd’hui à nous tous (cf. Mc 16, 15). C’est une humanité entière
qui attend : personnes qui ont perdu toute espérance, familles en
difficulté, enfants abandonnés, jeunes auxquels tout avenir est fermé par
avance, malades et personnes âgées abandonnés, riches rassasiés de bien et qui
ont le cœur vide, hommes et femmes en recherche de sens de la vie, assoiffés de
divin..» [2]
Oui, chers frères et sœurs dans la foi, les chemins de la mission
sont riches et variés, mais l’urgence missionnaire reste la même : porter
le Christ aux hommes de notre temps. Porter le Christ aux autres aujourd’hui,
c’est accepter comme Marie d’être servieurs et servantes du Seigneur, quelle
que soit la forme de vie que nous avons choisie. Et servir Dieu signifie avant
tout servir l’homme qui est le chemin qui conduit vers lui.
Ce service de tout homme « constitue une authentique
évangélisation en actes » (le Pape aux évêques ad limina). Il incombe
à nous tous, chrétiens, membres de l’Eglise-Famille, et nous voulons, ce matin,
devant Marie, réitérer notre engagement au service de l’homme, surtout dans
notre pays. Nous y appelons instamment aussi tous les décideurs, nos
responsables, nos concitoyens, les partenaires et tous les hommes et femmes de
bonne volonté : tous au service de l’homme.
Que signifie servir l’homme dans notre pays aujourd’hui ?
Beaucoup de choses que nous pouvons faire, beaucoup d’actions, chacun selon ses
moyens, ses dons, mais surtout selon ses devoirs et ses responsabilités. Servir
l’homme chez nous, c’est entre autres, sans calcul ni démagogie, entendre les
cris et prendre en compte les préoccupations du monde rural
particulièrement ; c’est lutter contre la pauvreté non pas par des
théories et des discours, mais en actes et en vérité. Servir l’homme
aujourd’hui au Sénégal, c’est œuvrer pour une répartition plus équitable de la
richesse nationale. N’oublions pas à ce propos les paysans du Sénégal des
profondeurs qui ne connaissent pas de syndicat ; n’oublions pas non plus
tous ceux qui accèdent difficilement au microphone ou qui n’ont pas de route et
même pas de piste à bloquer pour faire entendre leurs revendications.
Aujourd’hui, servir l’homme au Sénégal,
Ø c’est aussi favoriser l’accès
de toutes les populations aux services minimums de la santé et de l’éducation
de qualité ;
Ø c’est favoriser l’accès à
l’eau et à l’électricité ;
Ø c’est protéger les valeurs du
mariage et de la famille agressées par toutes sortes d’intérêts, pour ne
pas dire idéologies;
Ø c’est soutenir les familles
démunies des campagnes et des périphéries ;
Ø c’est protéger les enfants
contre toutes formes de violence et d’exploitation ;
Ø c’est redonner à notre
jeunesse l’espoir de lendemains meilleurs ici dans notre pays, pour son
développement et éradiquer ainsi la tentation bien souvent fatale de
l’émigration ;
Ø c’est mettre en avant les
valeurs de justice, de vérité et d’honnêteté en lieu et place des
compromissions de toutes sortes, de la combine et de la corruption qui
gangrènent notre société et menacent notre destin commun ;
Ø c’est promouvoir et protéger
le bien commun, même dans sa plus immédiate et matérielle expression, comme le
respect et l’ordre dans l’occupation et la gestion de la rue publique, à plus
forte raison, dans sa forme la plus élevée, dans tout ce qui favorise
l’épanouissement de tous, en commençant par le respect de la liberté d’autrui,
de sa foi, de son identité et de sa dignité.
Quel que soit notre rang, quelle que soit notre fonction, nous
avons tous mission de servir et non de nous servir, ou de nous faire servir.
C’est le message de l’apôtre Paul, adressé aux chrétiens et à tout homme et
femme de bonne volonté.
En se mettant tout simplement au service de son fils Jésus, Marie
est devenue une précieuse collaboratrice de Dieu. Nous chrétiens, hommes et femmes, adultes
et jeunes, consacrés et laïcs, soyons aux premières lignes du service de
l’homme, ayant Marie pour modèle et Jésus comme Maître, lui qui est venu non
pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie.
Que par l’intercession de Marie, Notre Dame de Popenguine,
le Seigneur bénisse et soutienne toutes les belles et nombreuses initiatives
prises ça et là, ainsi que nos élans de conversion et de changement, nos élans
de générosités spirituelles, apostoliques et matérielles pour la plus grande
gloire de Dieu, le service et le salut du monde.
Mbokk yi
Li ñu nu sant tey
ci ndaje pèlerinas u ren jile, te nu nÞaan ko sunu ndey ju sell ji, moo di nu
roy jikoo Maryama mi jara roy, ci surgawu bu and ak suufeelu, ci sawar, ci
teranga, ci aggali, ci sóobu ci bepp ligey u Jangu bi, ngir nit nÞi ci sunu
reew, rawatina ngir taxawu nÞepp nÞi ko gëna soxla, and ci ak nguur gi, ak bepp
kurel bi di ut a jëmlo reew mi ci kanam.
Waaw, sass la ak
warugaar ci bepp kercen, mu di jëf, ndax feenÞal coofel u Krista, jare ko ci
responsabilité yi nÞu ko denk, ci mën mën ‘am ak ci bepp barke bi
ko Yalla baaxe, ci katan u Xel mu sell mi. Jëf ngir Yall, banÞa yem rekk ci
wax, mba ci yene; jëf ndax wanÞnÞi coono u nÞi gen a new doole ci reew mi. Bokk
na ci,
· nu gaddu soxlaay askan wi ci kaw gi;
· nu jëf ngir ñu di séddoo alalu réew mi, ci anam bu jaadu te jub;
· nu dimmali njaboot yi gena néew doole;
· nu musal sunuy doom yi ci njaajaan yi mëna nasaxal te yaqq seen
dund ëlëk;
· nu may waxambaane yi yaakaar, ngir ñu mëna liggey ci luy jëmloo reew mi
kanam, te ñu moytu jéema génn réew mi, gadday, ak mosiiba yi loolu mëna indi,
ni ko degge lu yaggul.
· nu saxal jamm, ak njub ak coofel ci digante yi.
· nu wone ngor, dëgg ak takku ci ni nuy mëttale sunu liggéy.
· nu cëral, nu respekte, sunu morom ci njambuuram, ci li mu doon, ci li mu
bëggal boppam, ci li mu yelloo ak ci ngëmam, bi muy samme digantem ak Yalla.
Dundu Maryama gépp
defa mosa nekk dundu surgawu Yall ak surganwu nit ñi. Nanu nÞaanam dollil ci
bepp ligey ci turu Jangu bi file ci sunu reew. Ci barke nÞaanam, na Yall wacce
barke ci sunu réew ak réew yi nu wër, samm nu ci jamm ak deggo, mu barkel nawet
bi, ak taw yu bare, yu dul yaqq dara. Amiin! Popenguine, le 25 Mai 2015
Monseigneur André GUEYE
Évêque de Thiès