Chers frères et soeurs dans le Christ,
Chers frères et soeurs dans la foi,
Chers concitoyens,
Hommes et femmes de bonne volonté
Me voici devant vous en ce jour béni, où les Chrétiens célèbrent dans la ferveur, la joie de la Naissance de Jésus-Christ. Je viens, d'une part, partager avec vous les richesses spirituelles et humaines à recueillir d'une telle fête, et d'autre part pour sacrifier à la traditionnelle présentation des voeux.
« Je viens vous annoncer une grande Nouvelle. Dans la Cité de David, vous est né un Sauveur. »
Voilà comment les Anges de Bethléem ont annoncé la Naissance du Fils de Dieu fait homme, pour sauver les hommes. Leur message invite les hommes, de tout temps et de tout pays, à l'Espérance du Salut, et à la joie qu'elle suscite du plus profond des coeurs humains. Ce Message exhorte aussi à accueillir les nombreux et riches enseignements de l'Evénement.
Comment ne pas laisser place aux nombreux et riches questionnements devant l'Enfant-Dieu de Bethléem : Lui, Fils de Dieu, Maître de tout, vient sur terre, dans le plus complet dénuement ! Lui, Fils de Dieu Tout-Puissant vient au monde, sous les traits d'un petit enfant fragile!
En ce Noël, coïncidant avec le Troisième Festival Mondial des Arts Nègres, l'Enfant Humble de Bethléem ne nous enseigne t-il pas, que le plus important chez un homme n'est pas tant ce qu'il a mais ce qu'il est, ce n'est pas son avoir ou son paraître qui sont importants mais la qualité de son être. Dieu, qui accepte de naître parmi nous, ne nous enseigne t-il pas que la Renaissance de l'Afrique passe par la Renaissance de l'Homme Noir; que la Renaissance de l'Afrique passe par le surgissement, au sein des Sociétés Africaines, d'hommes et de femmes aux mentalités et conduites nouvelles. Alors, nous entrons dans ce qu'appelaient de tous leurs voeux les Participants à la Deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique du Synode des Evêques : « Afrique, lève-toi, prends ton destin en main et marche ... »
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime! »
Cette belle hymne entonnée depuis le ciel par une troupe innombrable d'anges a retenti sur toute la terre, au moment où parait l'Enfant Jésus. Elle constitue, à la fois, une louange à la Gloire de Dieu et une Annonce Joyeuse des bienfaits que la Naissance de son Fils apporte à la terre tout entière.
En reprenant ces paroles, à la suite des Anges, les Chrétiens, à leur tour, disent toute leur reconnaissance à Celui de qui nous tenons "la vie, le mouvement et l'être", tout en lui demandant la paix pour tous ses enfants de la terre.
- A Noël, le Dieu plus haut que le ciel vient sur la terre des hommes pour la sauver Et c'est alors que terre et ciel se rapprochent pour chanter ensemble la restauration d'une harmonie jadis perdue à cause du péché.
- A Noël c'est le Dieu toujours fidèle qui, en son Fils Jésus, réalise sa promesse de salut et de paix annoncée, depuis les origines, en faveur de l'humanité tout entière.
- A Noël, le Fils de Dieu, telle Soleil levant, vient nous visiter afin de nous sortir de notre sommeil et de nos ténèbres pour ouvrir notre vie d'ici- bas à l'horizon de Dieu, et nous redonner la dignité de citoyens du ciel.
- A Noël, Dieu rejoint l'homme dans toutes ses dimensions et préoccupations, et fait de tout homme un chemin pour aller à Lui.
- A Noël, Dieu nous révèle que tout son effort, pour ainsi dire, est orienté vers l'épanouissement de l'homme. N'est-ce-pas d'ailleurs pour y parvenir qu'il donne son Fils, « notre Paix »!
Oui, comme nous aimons si bien le chanter : « Oui donc est Dieu si grand et si vulnérable? Oui donc est Dieu qui pleure notre mal comme une mère? Oui donc est Dieu qu'on peut si fort blesser en blessant l'homme? Fils de la terre, qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi?»
Parce qu'il veut le bonheur de l'homme, de tout homme et de tout l'homme et que Lui seul est capable de le combler, Dieu envoie au monde un Sauveur, dont on proclame le nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Prince-de-la-paix» (cf. Is 9,5)
Nous le voyons bien donc, le Créateur n'est pas seulement un donateur de paix à l'homme, mais il est Lui-même la Paix telle qu'il n'en existe en dehors de Lui.
De fait, l'homme est porteur de cette paix, puisqu'il a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Mais blessé par le péché il est souvent hélas responsable de situations de conflits parfois difficiles à qualifier. En effet, comme le rappelait si bien le Pape Jean Pau lI, de vénérée mémoire : «La paix est en danger, quand l'homme se voit nier ce qui lui est dû en tant qu'homme; quand sa dignité n'est pas respectée, et quand la coexistence n'est pas orientée vers le bien commun, car pour la construction d'une société pacifique, et pour le développement intégral des individus, des peuples et des nations, la défense et la promotion des droits de l'homme sont essenfielles » ( Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1999).
Qu'on se le tienne pour dit : si la paix est un don de Dieu, cela n'annule ni la responsabilité, ni la contribution de l'homme, qui a le devoir d'oeuvrer à son rétablissement et à sa consolidation.
En disant tout cela, comment ne pas penser à ces nombreuses régions du continent africain et du monde, encore ensanglantées et meurtries par des conflits de toutes sortes, souvent placés sous le couvert de la race, de l'ethnie, de la religion ...
Comment ne pas penser à notre chère Casamance, où le sang n'a que trop coulé! Aujourd'hui, les filles et fils de la Casamance sont fatigués, et ne veulent que la paix.
Aujourd'hui la Nation Sénégalaise veut la paix en cette région et dans toutes les autres régions.
En ce jour de Noël, j'en appelle au respect de la vie, demandant à tous les combattants du Maquis de bien vouloir entendre le cri de détresse et de peur des populations. N'attaquons pas la paix!
En ce jour de Noël, je lance un appel solennel au Chef de l'Etat, et à tous les membres du Gouvernement leur demandant de créer les conditions de la paix, en Casamance. Car les chances de la paix sont réelles, et plus grandes que jamais. N'attaquons pas la paix!
J'invite ainsi tous les acteurs de la crise casamançaise à s'imposer le dialogue comme route idéale vers le pardon et la réconciliation, conditions irremplaçables d'une paix véritable et durable. N'attaquons plus la paix!
Mais sachons aussi, que la paix- comme nous le rappelle le Concile Vatican II- ce n'est pas simplement l'absence de guerre, ni même un équilibre stable entre des forces adverses, mais elle se fonde sur une conception correcte de la personne humaine, et requiert l'édification d'un ordre selon la justice et la charité (cf.G.S 78).
En cette fête de Noel, prions tous pour la paix dans notre pays, pour la paix en Côte d'Ivoire, la paix en Afrique et partout dans le monde.
Oui, prions sans cesse, car la vraie paix reste un don de Dieu, mais aussi, parce que la prière ouvre nos coeurs à un rapport profond avec notre Seigneur, et les dispose à la rencontre avec le prochain sous le signe du respect, de la confiance, de la compréhension, de l'estime et de l'amour. En outre, elle inspire le courage et apporte le soutien à tous les vrais amis de la paix qui cherchent à la promouvoir dans les diverses circonstances où ils vivent.
Chers frères et soeurs en Christ
Chers frères et soeurs dans la foi
Chers concitoyens
En ce jour béni de Noël, je voudrais, avec vous, élever la voix pour rendre grâce au Dieu d'Amour et de Paix "le Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis et comblés de toutes sortes de bénédictions dans les cieux en Christ" (Ep. 1,3)
A Bethléem, Dieu dépose dans les bras des hommes un tout petit enfant, fruit de son amour et plus belle invention de sa miséricorde. Sachons donc, à notre tour, déposer entre ses mains les joies et les espoirs, mais aussi les tristesses et les angoisses de notre monde et des pauvres en particulier (cf.G.S 1). Confions- lui tous ceux qui souffrent de maladie, de la guerre, de la violence, des catastrophes naturelles, de l'injustice, de la division, de la solitude, de l'incompréhension, du chômage ...
Dieu donne gratuitement. A nous d'accueillir, pas seulement pour le temps de Noël, mais toute notre vie, Celui qui est venu habiter parmi nous, au nom du Seigneur. N'ayons donc pas peur de Lui ouvrir les portes de nos coeurs, de nos foyers, de notre pays ...
En rendant grâce à Dieu pour les nombreux bienfaits reçus de lui, au cours de cette année 2010 qui s'achève, je prie le Prince-de-Ia-Paix de bénir l'année 2011 qui pointe déjà.
Puisse t-il faire de notre cher pays un havre de paix, en nous aidant à toujours cultiver le dialogue, à protéger et à promouvoir ensemble la justice sociale, les valeurs morales, et la liberté pour un Sénégal prospère plus fraternel et solidaire.
Puisse cette année être, pour vos familles et pour chacun de vous, une année de paix, de santé, de succès et de bonheur.
Que la Vierge Marie, Notre Dame de Poponguine, continue de nous garder tous sous sa maternelle protection !
- Paix à la Casamance et à tout le Sénégal!
- Paix à la Côte d'Ivoire, ce pays frère pour lequel nous prions!
- Paix à l'Afrique!
- Paix au monde entier!
Joyeux et Sanctifiant Noel !
Bonne et Heureuse Année 2010
Déwénatil!
Théodore Adrien Cardinal SARR
Archevêque de Dakar